Démarche artistique

La démarche est près du millénaire, je veux dire que située temporellement à l’extrême limite de notre vingtième siècle, elle est lourde de connaissances, d’acquis, de références culturelles et en même temps pénétrée d’incertitudes, d’humilité, d’angoisses innées certes, mais multipliées par les approches de l’avenir. S’il existe une vocation messagère de l’art, si l’on peut dire qu’une peinture ou une sculpture propose un grimoire où déceler des interdits secrets, des pulsions libératrices, des incandescences passionnelles, l’exemple de ces œuvres serait le fondement d’analyses fertiles, de tentatives inventorielles que nous sommes hélas loin de pouvoir maîtriser. Car plus qu’une manifestation objective livrée à nos regards, l’art d’Anca-Sonia précise sa raison d’être, la liberté tonique et vivifiante de tout dire, elle est la quête d’une saga qui n’est pas ici légendaire, motivée au contraire par les mille détails de la vie et magnifiée par les grandes vagues déferlantes de l’existence.

Et ce flux, construit et diversifié, possède sa liberté totale parce que le métier de l’artiste, ici en demi-teinte d’abstraction et de figuration osmotique, nous accorde sa virtuosité et sa sagesse , virtuosité qui nous situe monstres et chimères, planètes et ovoïdes féconds, animaux burlesques ou enragés comme évadés d’un chaudron de sorcière en un déploiement gestuel peint et dessiné dans la plus naturelle célérité, sagesse en revanche qui laisse agir tout le métier du peintre : mise en place ingénieuse, présence de la graphie, élégance d’une matière satinée ou grumeleuse selon le cas, avec le fondement normal d’un classicisme premier et l’audace tout aussi normal de l’Art contemporain.

Alors dans l’interrogation qu’Anca-Sonia nous soumet, ne faut-il pas découvrir le rôle véritable de l’artiste, la responsabilité dont il a une conscience lucide ? Et si beaucoup de réactions tragiques sont dans cette œuvre la matérialisation de nos drames quotidiens et mondiaux, n’y a-t-il pas dans son exceptionnelle qualité la raison plus forte de l’espoir ? A nous de savoir lire …et de comprendre.

Michel GAUDET


Michel GAUDET

1999, publication « Future no Future »

Né à Nice en 1924, Michel Gaudet est un acteur incontournable de la vie artistique, rôle qu'il assume depuis des décennies avec tact et discrétion. Homme aux talents multiples - peintre, membre éminent de l'association internationale des critiques d'art (AICA), ancien président de la maison des artistes de Cagnes-sur-Mer, mais aussi journaliste, écrivain et conférencier - il a la passion de transmettre ses connaissances au plus grand nombre et de rendre l'art accessible à tous.

Michel Gaudet n'a jamais été soumis à un mouvement et ne s'est jamais prosterné devant la mode. Il n'a pensé qu'à une seule chose : servir la peinture.

Cf : Artcotedazur.fr


« Je me réveille, je secoue mes ailes
et je me sens mieux qu’un oiseau. »
« Je ne veux pas fermer les yeux,
la terre pourrait fuir plus vite que ma pensée. »

Copyright © Anca Sonia 2018